Éduquer mon enfant sans écran
Voici mon témoignage personnel sur mes convictions quant aux écrans et les enfants, enfin mon enfant. Un vrai challenge pour les parents qui décident d’éduquer leurs enfants sans écran ou avec un contrôle parental de tous les instants, conscient, ne cédant à aucune facilité, sans pour autant rendre l’objet tabou puisque présent malgré tout à la maison comme outil de travail inévitable.
Résister au choix de la facilité
Je résiste au choix de la facilité, du débranchage de cerveau (terrible !). Même quand je ne suis pas en forme, parce que malade ou très fatiguée, soit je joue avec mon enfant, soit mon enfant joue seul en ma présence. Ça demande malgré tout une certaine énergie et du courage.
L’absence d’écran dans la pièce de vie – et accessoirement la salle de jeu du bambin – permet de libérer un espace physique et subtil conséquent et laisse place à la créativité. L’enfant est libre d’exprimer son imaginaire.
Par ailleurs, je crois que l’ennui, si tant est que cela puisse exister surtout pour les très jeunes enfants, a du bon.
Il est arrivé des fois où ma petite ne voulait pas faire la sieste mais où le coup de barre m’assommait. Je restais donc allongée dans le canapé, pendant que la petite collait ses gommettes ou jouait avec sa cuisinette. De temps en temps, je la sentais déposer un baiser sur ma joue ou finir par s’allonger sur moi pour piquer du nez à son tour.
Ce n’est pas simple ni évident de résister à la facilité des écrans car je constate que beaucoup de parents utilisent les écrans plus ou moins consciemment peut être comme une « nounou virtuelle ». Enfin c’est que je crois, je ne suis pas dans le jugement mais ce n’est pas ce que je souhaite pour mon enfant.
D’après les plus récentes recherches neuro-scientifiques, et c’est ce sur quoi je me base, il semblerait qu’il soit même déconseillé de laisser un enfant devant les écrans avant 6 ans… Cela laisse rêveur. Et cela demande un certain engagement en tant que parent d’être actif avec son enfant, dans la proposition d’activités et de jeux.
La solution toute simple a été trouvée afin d’éviter la « tentation », chez moi : il n’y a pas d’écran.
Résister ou simplement se tenir à une façon de vivre quand le contexte sociétal est différent
Ne sommes-nous pas presque tous entourés d’écrans, ici ou là ?
- Télévisions,
- téléphones,
- tablettes,
- ordinateurs à la maison, parfois dans les chambres des enfants
- et tout type d’écrans dans les lieux publics (écrans publicitaires dans les villes, les magasins, etc)
Les écoles elles-mêmes, pour ne pas passer pour ringardes, ont dû se mettre au tout numérique. Cela me pose question. Beaucoup de parents ne sont pas en accord avec ce genre de politiques et le contexte actuel vient totalement contrecarrer les intentions éducatives de ces parents-là, de quel droit ? et comment faire face à cela ?
Respecter mes convictions et mes promesses fondées
Je suis aussi fière de parvenir à vivre sans écran avec ma fille car ce point précis fait partie des principes sur lesquels je ne souhaite pas déroger dans l’éducation que je propose à mon enfant.
D’expérience personnelle, je sais quels impacts peuvent avoir le fait de regarder un programme sur un écran. Et les travaux de scientifiques de renom, dont Boris Cyrulnik, le démontrent très bien.
Ces aspects me semblent d’une importance tellement vitale que je m’y tiens dur comme fer. Et ce n’est pas les tentations ou les coups de mou qui manquent. Mais vous connaissez peut-être cette sensation qu’on a quand on respecte ses valeurs, ses convictions, et qu’on parvient à passer au-delà de cette traversée du désert.
Offrir ce que je pense être le meilleur et ce que je peux faire de mieux, à mon enfant
Je m’évertue donc à proposer un cadre que je crois viscéralement être le plus propice et bénéfique au développement de la maturité et de l’autonomie de mon enfant. De le protéger des vampiriques et gargantuesques écrans.
N’étant pas un parent parfait bien évidemment, je suis consciente dans le fait que je fais de mon mieux. Je suis alignée avec cet accord Toltèque.
Quelques écarts contextuels inévitables
Je suis de mon temps toutefois et les écrans sont des outils du quotidien maintenant.
Nota des quelques rapports de mon enfant avec le smartphone :
- visio-call avec son papa, et la famille proche, souhait des uns et des autres, c’est tout de même moi qui gère l’outil exclusivement et c’est malgré tout assez peu fréquent
- quelques visionnages de photos ou courtes vidéos de son cousin, de famille, comme on regarderait un album en tournant les pages, c’est aussi moi qui gère, c’est rare car on privilégiait… les visites et les séjours
- Pendant le confinement de mars 2020 dans ma famille : à la demande de l’école maternelle dans le cadre de la continuité pédagogique, visionnage de 3 vidéos de chansons en anglais (qu’apparemment les bambins de 3 ans regardent à l’école, sur le « TBI » !!), puis ma fille a été temporairement inscrite dans l’école du secteur de mon confinement
Tablette : jamais. C’est mon outil de travail. Elle est enfermée à double-tour dans ma chambre. Sinon, je m’en suis servie pour diffuser de la musique (audio donc).
Ordinateur : mon outil de travail pro. Ma fille voit l’écran quand je suis en réunion (ce qui arrive fréquemment, maintenant depuis les confinements) la situation actuelle vient contrecarrer mes orientations ou souhaits éducatifs.
Lâcher-prise sur ce qui se passe hors de la maison
Famille séparée, recomposée
Par contre, je sais désormais qu’elle fait face aux écrans via son père avec qui nous sommes en désaccord sur le sujet, bien que nous semblions être d’accord à ce sujet lorsque nous étions ensemble, c’est à se poser des questions…
J’ai éprouvé beaucoup de déception, de colère et de révolte et puis, comme tout dans la parentalité et les séparations, j’ai dû apprendre à lâcher-prise sur ce qui n’est pas 100% sous mon contrôle et ainsi accepter l’entière expérience de vie de mon enfant. Et cela même si cela brise mes rêves de premiers partages audio-visuels avec mon enfant, notamment le partage de mon amour du cinéma, mais ce sera pour plus tard quand elle sera en âge de regarder avec moi ce qui sera adapté à son âge.
La source de ma révolte : le grand écart entre le respect et l’appréciation d’un travail artistique ET le consumérisme obèse.
Chez la nounou
J’ai fait part, dès le début, de mes souhaits auprès de mon assistante maternelle sur le sujet et elle répondait très positivement à ceux-là et je lui ai fait confiance.
Toutefois, comme toutes les maisons du voisinage, semble-t-il (ou de de la majorité des foyers français peut-être ?!), un écran qui faisait la moitié du mur trônait dans le salon, la pièce de vie et d’accueil des bébés et enfants. Comme mon AssMat avait elle-même de grands enfants, l’écran s’est trouvé allumé plusieurs fois tandis que nous allions chercher notre fille en fin de journée. Je n’ai donc pas de réelles données sur ce qui se passait là et quel a été le rapport de mon enfant avec l’objet télévision et les programmes entraperçus ou regardés ?…
À l’école
Alors là par contre, je tombe des nues complètement !.. L’Education Nationale et le corps encadrant les enfants ne sont-ils pas informés du 3-6-9-12 ?!
Je ne sais pas ce qu’est un TBI, puisque quand j’allais à l’école c’était encore le tableau blanc voire à craie. J’ai l’impression d’être une vieille schnock à 27 ans ! Mais proposer un programme sur un écran entre 2 ans et demi et 5 ans, cela me choque. Pas vous ?
Quel est votre sentiment par rapport au sujet des écrans ?
Avez-vous élaboré une réflexion avant ou au moment d’avoir des enfants ?
Votre position a-t-elle évolué et dans quels sens ?
Écoutez notre épisode de podcast « Les écrans et nos enfants – pourquoi faut-il les en préserver ? »
Un commentaire
Valérie
Bonjour, bravo pour cet article et ce style de vie. Je suis enseignante et je peux vous dire que les familles sans écran sont finalement plus nombreuses que l’on pourrait croire. Quant au professionnel, actuellement effectivement, nous sommes contraints au télétravail ce qui suppose de passer par les écrans et les élèves réalisent les activités demandées en passant par tout un tas de plateformes variées via l’internet et les écrans. Cependant, pour respecter les non connectés par choix ou non, il y a toujours la possibilité de passer prendre les photocopies dans l’établissement. Voilà, je voulais partager cet aspect. Evidemment, il s’agit de jeunes collégiens dont je parle, je ne sais pas comment cela se passe en maternelle ou en primaire.